Par TomTrailRunner - 23-02-2016 22:55:55 - 6 commentaires
Samedi 20 février : Saint Véran
WE de passage à St Véran au cœur du Queyras : grand beau, c’est l’occasion révé de prendre un bol d’air. Samedi, après une journée de ski, je m’offre une petite sortie après ski.
16h40, je pars de l’église de St Véran altitude 2040 avec le projet +/- flou d’aller vers l’observatoire du Pic du Château Renard… je ne connais pas la trace, je ne connais pas l’état de la neige, et je ne suis pas certain d’avoir le temps avant la fin du jour.
Petite mise en jambe dans le village sur quelques centaines de m de bitume puis j’attaque une large piste convertie en piste de ski de fond et qui monte progressivement pour 3.5km de faux plat montant sur la neige damée mais un peu fondue par tout le soleil de la journée. Malgré des chaussures ultra-cramponnées, je m’enfonce un peu et l’altitude (on frise les 2200) et la forme du moment aidant, le cardio monte gentiment dans le rouge.
20mn de ce rythme et j’arrive enfin au début de la piste de l’observatoire : là plus question de neige damée, plus de traces de piétons : juste quelques traces de raquettes et de ski de rando. Le panneau de rando indique 7,7km de montée : c’est certain que je n’aurai pas le temps de tout faire et je décide de tirer un peu tout droit dans la pente…Quitte à m’enfoncer dans la neige, mieux vaut aller sur une trace directe : je slalome pour éviter 2/3 rochers et amas de neige pour assez vite recoupe la piste. Un autre panneau indicateur (6,6km pour l’observatoire) m’indique que j’ai évité 500m de distance à parcourir par rapport à la piste.
J’ai vu sur la carte IGN que la piste faisait un grand détour par l’ouest et je décide de continuer sur une trace le plus direct possible en remontant des pentes bien raides. 20 à 50cm de neige profonde, parfois portante, parfois pas du tout : l’effort est violent, la progression lente ; je zigzag un peu pour chercher les zones les moins enneigées là où effleure un peu d’herbe ou quelques bouts de rochers.
La progression altimétrique est bien évidemment laborieuse mais je me sens bien tout seul dans la montagne ; j’arrive toutefois à profiter des lumières rasantes de la fin de journée puisque je monte un tout petit plus vite que l’ombre portée de l’arrête entre la vallée de St Véran et celle de Ceillac derrière laquelle le soleil plonge. C’est une ambiance magique, je prends le temps de sortir l’appareil pour immortaliser l’instant.
Vers 2550m, la pente devient vraiment sérieuse (on frise les 50/60°) et j’ai besoin de toute l’amplitude de mes bâtons pour sortir de certain trous. Je vise les quelques traces de surf et de ski de rando pour trouver une neige un peu plus dense et monte plus à quatre-patte quasi en position debout les mains devant moi qu’en courant. Je retrouve enfin la piste vers 2700m mais il serait déraisonnable de monter plus haut vu l’heure : j’arrête là la montée après 50mn pour faire 1,8km et 500D+ et quelques photos.
Demi-tour gauche et c’est reparti en plongeant : la neige est portante, le jeu consiste à chercher les pentes les plus raides pour minimiser l’effort à produire pour sortir les pieds/chevilles/mollets à chaque pas qui se traduit par un profond trou. C’est épuisant mais évidemment bien plus rapide qu’à la montée. La luminosité commence à baisser, le temps d’une dernière photo au-dessus d’un a-pic que je prends soin de contourner un peu avant de plonger véritablement dans un trou que même les skieurs de rando locaux ont pris le soin d’éviter J Le piège est en fait les amas de neige situé juste en bas des cassures de pentes puisque la neige s’y est accumulé sur une épaisseur qui monte au-delà des genoux : 2 ou 3 fois, cela me semble presque déraisonnable vu l’effort nécessaire pour sortir… Il est temps de revenir sur des terrains plus « sécurité ».
Je recroise mes traces de l’aller que je suis à contresens et retombe enfin sur la piste du début qu’il me reste à reprendre en faut plat descendant cette fois-ci.
Au final, une sortie totalement atypique voire un peu folle et en tout cas bien énergisante et euphorisante ….
Petit additif suite à une réaction reçue en MP à la lecture de mon récit : je tiens à préciser que ce genre d'exercice n'est pas dénué de risque : solitaire, haute altitude, fin de journée, zone potentiellement à risque d'avalanche (forte pente, accumulations, niveau 2) et j'invite tout un chacun à bien juger des risques et des mesures de précaution à prendre en la matière avant de s'aventurer pour profiter du magnifique terrain de jeu qu'est la montage : N'oubliez jamais que c'est elle la plus forte